Notre guide complet sur l’Energy Management System (EMS) pour des installations ENR et industrielles

30 Juin 2025 | Actualités

centrale hydroelectrique

Vous exploitez un site de production ou de consommation énergétique complexe, et vous cherchez à en reprendre le contrôle de manière intelligente et en temps réel ?

Vous avez raison de vous intéresser à l’Energy Management System (EMS) : c’est aujourd’hui la brique centrale pour piloter efficacement une architecture multi-énergies, optimiser les flux, respecter les exigences réseau et réduire vos coûts d’exploitation.

En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’EMS ne se limite pas à la supervision. Il arbitre, en permanence, entre production, stockage, consommation et injection. Il coordonne des équipements hétérogènes (onduleurs, BESS, protections, SCADA, RTU) pour transformer une infrastructure dispersée en système énergétique cohérent, stable et performant. Son rôle est donc central.

Découvrez dans cet article comment un EMS collecte, analyse et pilote les flux énergétiques en temps réel, les étapes de son intégration et quels bénéfices concrets en tirer.

Qu’est-ce qu’un Energy Management System (EMS) ?

Un Energy Management System est un système centralisé de pilotage énergétique conçu pour optimiser en temps réel les flux d’énergie sur des sites industriels, des installations d’énergies renouvelables ou des architectures hybrides combinant production, stockage et consommation locale. L’EMS intervient comme une couche décisionnelle au sommet de la chaîne énergétique, en s’interfaçant avec l’ensemble des équipements de terrain.

Contrairement à un système SCADA qui assure la supervision des équipements et le contrôle opérationnel, ou à un BMS limité à la gestion interne des batteries, un Energy Management System exploite les données issues du terrain en temps réel pour effectuer des arbitrages énergétiques multi-variables. Il injecte dans l’architecture des consignes stratégiques, qui sont ensuite exécutées localement par les systèmes de contrôle-commande.

La valeur d’un EMS repose sur sa capacité à prévoir les fluctuations de production ou de consommation, et à appliquer des logiques d’optimisation complexes. Il peut par exemple réguler la puissance active injectée en respectant les contraintes imposées par RTE ou Enedis.

Les fonctions assurées par un Energy Management System couvrent un spectre large :

  • Régulation de la production intermittente
  • Pilotage du stockage (BESS)
  • Contrôle de l’injection réseau en P/Q
  • Gestion de l’effacement
  • Suivi des indicateurs de performance énergétique

Chaque décision repose sur une analyse croisée de données mesurées, de prévisions météo, de scénarios d’optimisation et de contraintes techniques.

Comment fonctionne un Energy Management System (EMS) ?

Le fonctionnement d’un Energy Management System repose sur une chaîne technologique rigoureusement structurée, articulée autour de capteurs terrain, de modules de communication, d’automates, de supervision SCADA et d’un moteur décisionnel centralisé. Chaque composant joue un rôle spécifique dans la captation, la transmission, l’analyse et l’exécution des logiques de pilotage énergétique.

Tout commence par la mesure. Des capteurs électriques installés sur les différents départs (production, stockage, charge) remontent en temps réel des grandeurs critiques : tensions, courants, puissances actives et réactives, fréquence, taux de distorsion harmonique, état logique des équipements. Ces données sont agrégées par des RTU (Remote Terminal Units) ou automates industriels, qui assurent à la fois la pré-acquisition locale et le transfert des valeurs vers l’infrastructure SCADA. Les concentrateurs viennent, selon les architectures, regrouper les flux issus de plusieurs postes ou équipements distants, afin de centraliser les échanges vers l’EMS.

Les communications entre les équipements sont assurées via des protocoles d’échanges. Le protocole Modbus TCP/IP est encore largement utilisé pour les équipements standards (centrales de mesure, convertisseurs, protections), tandis que les interfaces critiques s’appuient sur l’IEC 61850, notamment via MMS pour les échanges structurés et GOOSE pour les événements à très faible latence.

L’EMS fonctionne comme une plateforme d’arbitrage énergétique. À partir des mesures collectées, il applique des règles de calcul prédéfinies pour analyser en temps réel l’état énergétique du site et identifier des actions correctives. Ces actions sont ensuite traduites en consignes opérationnelles et transmises, via SCADA ou interfaces directes, aux sous-systèmes concernés : batteries (BESS), onduleurs, centrales de mesure ou relais de protection.

Prenons l’exemple d’un scénario concret d’exploitation :

  • Détection : un dépassement de seuil de puissance injectée est mesuré par la centrale de mesure (précision 0,2S) et immédiatement horodaté.
  • Transmission : l’information est transmise au système SCADA via le protocole Modbus ou IEC 61850, puis relayée vers l’EMS via OPC UA ou API interne.
  • Analyse : l’algorithme d’optimisation de l’EMS évalue la situation en tenant compte de la courbe de charge, du SOC des batteries et des contraintes RTE.
  • Décision : une consigne de décharge est générée pour le système BESS afin d’absorber le surplus de production.
  • Exécution : l’onduleur bascule en mode injection réseau. Le flux énergétique est ajusté en moins de 500ms pour revenir sous le seuil critique.
  • Stabilisation : le retour à l’équilibre est confirmé via les mesures temps réel.
  • Validation : l’EMS envoie un accusé de réception horodaté, accompagné d’un rapport d’événement, consultable depuis la supervision SCADA ou exportable pour transmission au gestionnaire de réseau (RTE/Enedis).

Chaque étape est synchronisée avec une précision milliseconde (via NTP ou PTP), assurant une parfaite traçabilité, indispensable pour les obligations de conformité sur les sites ENR ou les infrastructures critiques.

    Les avantages d’un EMS dans différents cas d’usages

    Un Energy Management System permet de transformer une architecture énergétique dispersée en un système piloté, optimisé et synchronisé en temps réel.

    L’un des gains majeurs est la régulation dynamique des puissances, permettant de lisser les variations de production renouvelable et de maintenir une injection réseau stable, même en conditions fluctuantes.

    L’EMS maximise également le rendement énergétique du site (exemple : centrale hydroélectrique, site éolien,…) en priorisant les sources les plus performantes selon leur disponibilité, leur rendement ou leur coût marginal. Il pilote intelligemment la répartition entre production PV, groupes électrogènes, batteries et réseau public selon des logiques multi-énergies configurées en amont.

    Il anticipe les pics de consommation grâce au load shifting, en mobilisant le stockage ou en décalant les charges non critiques, ce qui permet d’éviter les pénalités liées aux appels de puissance brutale et d’améliorer le facteur de charge.

    Sur les sites raccordés RTE ou Enedis, il assure la conformité aux exigences des TSO, avec des temps de réponse < 500 ms, une traçabilité complète des consignes et des transmissions de données normées (IEC 61850, DEIE…).

    Enfin, en limitant les cycles inutiles sur les batteries et en évitant les sur-sollicitations réseau, l’Energy Management System réduit significativement les coûts d’exploitation et prolonge la durée de vie des équipements. 

    energy management system parc eolien

    Les étapes clés de mise en place d’un EMS

    La mise en œuvre d’un Energy Management System sur un site industriel ou énergétique suit une séquence rigoureuse.

    Étape 1 : Audit énergétique du site

    La première phase consiste à analyser le profil énergétique du site : typologie des sources, courbes de charge, points d’injection, besoins de régulation. Cette étape inclut la collecte de données de fonctionnement, l’identification des goulets d’étranglement et des opportunités d’optimisation. Elle fournit la base technique pour dimensionner le futur EMS.

    Étape 2 : Rédaction du cahier des charges techniques

    Sur la base de l’audit, un cahier des charges est établi pour spécifier les objectifs du système : temps de réponse requis, exigences de traçabilité, scénarios de régulation (effacement, injection limitée, équilibrage de phase…), protocoles de communication à intégrer, structure des alarmes et indicateurs de performance énergétique.

    Étape 3 : Sélection des équipements compatibles

    L’infrastructure matérielle est sélectionnée en fonction de la complexité du site et des exigences du projet. Elle inclut généralement des centrales de mesure haute précision (classe 0.2S), des RTU communicants, des automates capables d’exécuter les logiques de régulation embarquées, des switchs industriels pour assurer la redondance réseau, ainsi qu’un environnement SCADA compatible avec des protocoles de communication ouverts.

    Étape 4 : Configuration des algorithmes de régulation

    Les règles de gestion énergétique sont paramétrées dans le moteur logique embarqué dans l’automate industriel. Qu’il s’agisse d’un environnement Straton, Zenon Logic ou équivalent, l’algorithme doit gérer l’arbitrage entre les sources d’énergie, les seuils de stockage et les consignes réseau. Les déclenchements sont configurés pour répondre en temps réel à des conditions dynamiques, avec un niveau de réactivité adapté aux exigences réseau (< 500 ms).

    Étape 5 : Intégration dans le SCADA

    Le système EMS est intégré au superviseur SCADA, qui centralise les données terrain, affiche les synoptiques dynamiques, gère les alarmes, historise les événements, et permet à l’exploitant de visualiser et d’ajuster les consignes. Des courbes de tendance, des exports CSV, des rapports automatisés ou des vues dédiées au réseau public peuvent être configurés selon les usages.

    Étape 6 : Tests de validation fonctionnelle

    Une fois l’intégration réalisée, des tests rigoureux sont menés pour valider le comportement du système. Cela comprend une FAT (Factory Acceptance Test) pour valider les logiques et les interfaces, une SAT (Site Acceptance Test) sur l’installation finale, ainsi que des essais d’injection simulée. L’objectif est de garantir la cohérence des actions, la robustesse des communications, la conformité aux seuils et la parfaite synchronisation temporelle via NTP ou PTP.

    JSA est expert dans la conception, l’implémentation, l’optimisation et la maintenance d’Energy Management Systems pour l’énergie et l’industrie. Nos experts peuvent vous conseiller à chacune des étapes mentionnées ci-dessus.

    En résumé, l’Energy Management System n’est pas un simple module logiciel en plus dans une architecture énergétique : c’est le cœur décisionnel qui permet à un site de passer d’un fonctionnement réactif à une exploitation prédictive, optimisée et conforme. Que l’on parle de stabiliser une production photovoltaïque intermittente, de piloter finement un système de stockage, ou d’assurer une injection réseau sous contrainte RTE, l’EMS est la brique indispensable pour tenir les engagements énergétiques d’aujourd’hui… et de demain.

    Grâce à son intégration fine avec les équipements de terrain, sa capacité à réagir en temps réel, et son interopérabilité avec les systèmes SCADA, RTU, BESS ou convertisseurs, l’EMS transforme une installation en système énergétique cohérent, agile et résilient.

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